Les directives quant à la reprise de leur activité n’étaient pas claires (voir encart ci-dessous). Mais les auto-écoles ont été autorisées à rouvrir leurs portes au moment du déconfinement. « Au redémarrage, explique l’établissement Ikram, on a mis un peu de temps à remplir la salle de code. Mais très vite, on a eu beaucoup de monde pour faire des heures de conduite. Généralement, les élèves veulent avoir leur permis avant la période estivale. » La reprise était un peu plus calme du côté de l’auto-moto-école de la Valserine. « Au mois de mai, c’était un peu compliqué, raconte son gérant, Medhi Boudabban. Je pense que les gens avaient adopté un certain rythme et peut-être qu’ils étaient encore un peu craintifs. Ça a commencé à aller mieux en juin. »
Des files d’attentes pour obtenir le précieux sésame
En plus d’avoir connu une fréquentation en baisse les premières semaines, les auto-écoles peinaient à faire passer le permis à leurs élèves. La patronne de l’auto-école Héléna témoigne : « Les examens ont recommencé en juin. Mais pour obtenir des dates, il fallait aller sur un site, mettre des options et la préfecture nous donnait des places en fonction de ce qu’elle avait. C’est-à-dire pas grand-chose. Et surtout, on était prévu d’une semaine sur l’autre. Il n’y avait aucune organisation, donc ça a été très difficile de faire les plannings. » Parce qu’évidemment, les élèves se bousculaient au portillon pour obtenir le Graal avant l’été. Les candidats qui avaient obtenu une date de passage avant le confinement étaient prioritaires. Cependant, Héléna Gaspar Goncalves remarque : « Deux mois et demi sans conduire, ça se ressent. Même pour ceux qui étaient en fin de formation. Les conduites accompagnées se sont beaucoup moins exercées pendant le confinement, donc il a fallu leur remettre deux ou trois heures pour les recadrer sur certains points. » Ce qui a aussi un coût pour l’élève. Mais « on ne peut plus faire de remise », confie la gérante de l’auto-école, qui estime que les trésoreries des établissements tels que le sien ont été fort impactées (lire ci-contre).
Medhi Boudabban, de l’auto-moto-école de la Valserine rajoute : « Dans l’Ain, je trouve que la préfecture a fait son maximum pour que ça se passe bien en juin. Certes, on n’a pas eu beaucoup de place pour faire passer les examens, mais du coup, elle a demandé aux inspecteurs, sur la base du volontariat, de travailler le samedi pour ouvrir d’autres créneaux. Donc, tout le monde joue le jeu. »
Vers un retour à la normale
Les trois auto-écoles interrogées voient venir un mois de juillet moins compliqué, ressemblant davantage à un mois normal, avec un nombre de places accru. Concernant le passage du code, même son de cloche. Pour l’heure, les sessions d’examens étaient remplies par un nombre d’élèves restreint mais l’assouplissement des protocoles tend vers un été plus simple que juin.
– Selon Héléna Gaspar Goncalves, son établissement « ne supportera pas une deuxième vague. En effet, pendant le confinement, il a fallu payer les loyers, les assurances des locaux, celles des voitures, toutes les protections comme les masques, les housses… On a continué à tout payer, donc, en gros, tout sort, rien ne rentre… La trésorerie en a pris un sacré coup ».
– Son auto-école compte trois personnes : elle et ses deux employés. « On a repris progressivement : au début j’ai repris toute seule, et les deux moniteurs étaient en chômage partiel. Là, pour fin juin, on revient à du 100 %. Il a fallu un bon mois et demi avant de remettre tout le monde à temps complet. »
Lorsque le déconfinement a été annoncé par le gouvernement, les candidats étaient perdus dans les dates de réouverture des auto-écoles, mais ces dernières n’y voyaient pas clair et se sentaient livrées à elles-mêmes. En effet, entre le 9 mai et le 13 du même mois, différents décrets avaient été publiés, tantôt pour autoriser la reprise des activités, tantôt pour les stopper. « Aux élèves, on leur a d’abord dit « Ça y est, on est de nouveau là ! », puis on devait renvoyer des mails en disant « Finalement, fausse alerte, on ne reprend pas », expose la gérante de l’auto-école Héléna. Donc, au moment du vrai redémarrage, ça a pris plus de temps à se remettre en route. Ceci dit, ces différents décrets, pour nous autoriser ou non à reprendre, ils sont à l’image du gouvernement depuis le début : ça avance, ça recule, c’est blanc, c’est noir… Bref, le déconfinement a été annoncé et nous, on n’avait aucun protocole à suivre. Il a fallu, de nous-même, nous adapter, en regardant les protocoles mis en place dans d’autres secteurs comme la restauration. »