Pourquoi Genève souffre d’une telle pénurie de main-d’œuvre en cuisine et au service

Rouverts depuis deux mois, certains établissements peinent à retrouver des collaborateurs à Genève. La faute à la menace d'une énième fermeture ainsi qu'à la nature du secteur.
Rouverts depuis deux mois, certains établissements peinent à retrouver des collaborateurs à Genève. La faute à la menace d'une énième fermeture ainsi qu'à la nature du secteur. - DRK

C’est un peu le branle-bas de combat dans le domaine de la restauration à Genève, où le pass sanitaire est dorénavant obligatoire. Il est de plus en plus difficile de recruter du personnel dans les restaurants et les bars.

Fermeture d’établissements très connus

Certains restaurants et bars ont dû fermer, comme le fameux Navy place du Bourg de Four, victime de la période de confinement puis de la météo exécrable qui a suivi. La restauration doit maintenant se recentrer et même se réinventer. « Je cherche quelqu’un en salle à 50 % pour le soir depuis le mois de mai, a témoigné Xavier Gombaud, patron de l’Auberge du Soleil à Bursins. Je me suis rendu auprès des Offices régionaux de placement, des sites professionnels, j’ai même essayé du côté des écoles hôtelières des pays voisins. Je ne trouve personne. En ce moment, j’ai l’impression que la restauration a mauvaise presse. La crise liée à la Covid-19 donne un climat d’incertitude à notre branche. »

Causes multiples

Il est probablement trop tôt pour comprendre la désertion de candidats dans cette branche. Selon Daniel Carugati, vice-président de la Société des Cafetiers Restaurateurs Hôteliers de Genève, plusieurs employés ont profité de leur chômage forcé pour se réorienter vers des métiers plus stables. Avec la baisse de la clientèle, il y a moins de pourboires et la menace de nouvelles fermetures possibles. « Par chance, j’ai pu trouver un nouvel employeur à Landecy, témoigne un serveur qui a quitté une grande brasserie après une dizaine d’années de service, mais dorénavant, je m’oriente vers tout autre chose car l’avenir devient moins certain dans la restauration. »

Un cercle vicieux

Sans cette main d’œuvre, les restaurateurs ont des difficultés pour ouvrir entièrement leur établissement et restreignent encore leur activité. La Suisse manque de bras à l’heure alors que la reprise économique pointe son nez et que le chômage recule ; de nombreuses entreprises peinent à recruter du personnel même dans l’horlogerie et bien sûr dans l’hôtellerie. L’autre difficulté est de recruter des personnes formées.

Pour Charles Vinzio, directeur à l’Office cantonal de l’emploi, l’avenir demeure trop incertain pour en tirer des conclusions, néanmoins, certains chiffres laissent présager un retour vers un rythme rassurant.