Châtillon : avec Tatiana, Carioca rime avec Ochiaz

Tatiana, au centre, avec sa sœur Silva et sa maman Lucia.
Tatiana, au centre, avec sa sœur Silva et sa maman Lucia.

Tatiana, d’origine brésilienne, vit à Ochiaz depuis 2015 avec son mari Jorge, d’origine portugaise. Ils ont choisi ce village de la Michaille pour poser leurs valises après un parcours somme toute atypique. Jorge quitte son pays natal à l’âge de 27 ans en 2004 pour venir travailler à Genève où sa sœur réside déjà. Passionné de foot et s’intéressant au Brésil, il se promet de se rendre dans le pays des séries télévisées et du ballon rond. C’est donc tout naturellement qu’il rencontre Tatiana grâce à un site internet et encore plus naturellement qu’il tombe amoureux d’elle. Le futur couple décide de se voir et Jorge part au Brésil pour les vacances. Tatiana vit à Rio avec ses deux enfants. «  Quand Jorge m’a demandé en mariage la première fois, j’ai refusé et la deuxième fois j’ai accepté » dit-elle dans un très bon français, avec son accent chantant.

Genève : le choc thermique

Tatiana décide, par amour, de suivre Jorge en Suisse et arrive à Genève en 2007 avec 60 € en poche. C’est un véritable choc thermique et il faut s’habituer aux températures. La jeune femme est aussi perturbée par le silence car Genève la sage n’a aucune commune mesure avec Rio. Elle s’intègre facilement avec l’aide de Jorge et apprend le français en 3 mois. Elle refuse que l’on parle portugais à la maison pour mieux pratiquer cette langue. « Je me sens plus chez moi en Europe qu’au Brésil, et après toutes ces années je suis vraiment devenue moi. » Le couple avec les enfants de Tatiana commence à se sentir à l’étroit dans l’appartement genevois et une maison familiale est la bienvenue. Les recherches sur la France voisine commencent, avec un fort besoin de nature et de soleil.

A Ochiaz, on peut respirer

En 2013, on présente un terrain au couple et c’est le véritable coup de cœur car il allie deux points essentiels : l’ensoleillement et la pleine nature. Il est idéal pour pouvoir se ressourcer. Les travaux de construction peuvent commencer. Le couple arrive à s’ancrer. La maison fait la jonction entre la vie professionnelle genevoise et le Brésil où l’on vit près de la nature. « A Ochiaz, on peut respirer, on communie avec la terre. Il nous est arrivé même de voir des sangliers à proximité de la maison. »

L’intégration du couple se fait facilement avec cette vie en toute simplicité, le seul bémol est l’administratif qui est compliqué mais Tatiana dédramatise vite « au Brésil, ce n’est pas simple non plus ! »

La France et le romantisme

Elle continue de porter un œil à la fois respectueux et amusé sur la France. « C’est le pays de la liberté, égalité, fraternité, quel beau concept ! C’est aussi le pays des 3 mousquetaires, des supers héros ! Je trouve aussi très sincèrement qu’ici les hommes sont plus sérieux car au Brésil, l’esprit est encore un homme pour 10 femmes. La France est le pays pour tomber amoureux avec les fleurs, les restaurants, le romantisme ! »

Tatiana a des origines italiennes par son grand-père parti pour les grands espaces et les plantations de café : Venir s’installer en Europe n’est donc pas le fruit du hasard, c’est un retour aux sources.

Ces sages que l’on appelait sorcières

Tatiana a toujours été attirée par le spirituel et elle se souvient de sa grand-mère morte à l’âge de 107 ans alors qu’elle avait 7 ans. « Elle ne vivait pas avec nous dans la famille mais dans une petite maison à l’orée de la forêt amazonienne. Elle était voyante. Les gens venaient la consulter pour curer une maladie ou retrouver une personne disparue à l’aide du pendule. On venait chercher ma grand-mère quand il n’y avait plus d’espoir mais on la fuyait en même temps et les enfants en avaient un peu peur. A présent, on utilise le terme de sages mais il n’y a pas si longtemps, on les appelait sorcières. »

Un parcours de la coiffure à la tarologie

Tatiana en Brésil en 2021.

A son arrivée à Genève, Tatiana travaille dans un salon de coiffure, c’est par la coiffure qu’elle a l’opportunité d’apprendre le français, grâce aux cours.

Thérapie holistique

Très vite, on lui permet de développer un autre don : le tarot qui va la mener sur le chemin de la « thérapie holistique », basée sur la globalité de l’être humain et un équilibrage de l’énergie de chacun, par diverses approches telles que le reiki, (soins énergétiques par l’imposition des mains), en restant en communion avec la nature.

« Aimer et être aimé, c’est essentiel »

« On travaille le spirituel et la source. Le motif le plus fréquent de consultation est le mal d’amour. Un mal-être latent a été renforcé par la pandémie. La plus grande peur n’est pas le manque d’argent, la plus grande peur est de ne pas être aimé. L’amour est en crise mondiale. Aimer et être aimé est un besoin essentiel. Les personnes me consultent à distance depuis le Brésil bien sûr mais aussi depuis le Japon ou le Maroc avec Skype. »

« En vérité, ce sont les gens qui m’aident »

« Je prédis l’avenir certes, mais j’accompagne aussi tout un chacun à la recherche de soi, dans la mesure où la personne est d’accord pour faire le voyage. La clientèle est mélangée et de plus en plus d’hommes me consultent, je dirais 30 % à présent. Pour l’anecdote, j’ai eu en consultation le même jour, le mari, la femme et la maîtresse. Les gens ont l’impression que je les aide mais la vérité est que ce sont eux qui m’aident. Pour moi c’est une thérapie et tous les matins, je me dis aujourd’hui je vais faire mon possible pour être une meilleure personne. »