Mobilisés en urgence, ils ont réussi à monter un convoi humanitaire en seulement une semaine. Dans le sillage de l’association Yambi, basée à Annecy, des Annéciens et plus largement des Haut-Savoyards ont participé à la création d’un «corridor citoyen» pour l’Ukraine en lien avec d’autres activistes à Paris, Marseille et Besançon. De la cité lacustre, 14 camions dont deux semi-remorques, remplis de presque 300 m3 de produits de première nécessité, sont partis samedi 5 mars après plusieurs jours de collecte. « Ça a pris une ampleur immense dans les quatre villes concernées avec une quarantaine de camions, deux autocars et même une ambulance offerte », se félicite Clélia Compas, fondatrice de Yambi. Le but était d’être « le moins possible dans la position du sauveur » mais de « combler un vide », explique-t-elle. « Il devrait y avoir un corridor humanitaire organisé par les états de l’Union européenne. »
Direction Przemysl en Pologne, à la frontière ukrainienne, « le plus gros point de passage de réfugiés », précise la jeune femme qui est spécialisée dans l’étude des migrations et a déjà travaillé dans l’humanitaire. Soit un trajet de près de 1 800 km en passant par l’Allemagne. Le convoi est arrivé lundi 7 mars, avec dans ses rangs – pour la partie annécienne – 27 personnes, dont une Polonaise, deux Ukrainiens, des pompiers, secouristes, anciens militaires ou encore membres d’ONG. « Il y a une répartition des tâches et des forces qui s’est faite de façon naturelle », constate Clélia Compas.
« Énorme désorganisation »
Les marchandises ont pu être remises à des organisations humanitaires avant d’être acheminées jusque dans le pays en guerre. Une partie de l’équipe annécienne est rentrée en France ; mardi 8 mars une petite quinzaine de membres était encore en Pologne. Sous leurs yeux : un vaste centre commercial où des centaines de lits de camp sont alignés, occupés par des femmes et des enfants. « Il y a vraiment besoin de gens pour coordonner sur place », rapporte Clélia Compas, qui observe « une énorme désorganisation ». La présidente de Yambi met notamment en garde les Français qui seraient tentés de venir de leur propre initiative chercher des Ukrainiens. « Il y a une possibilité de [nouveau] traumatisme si ces personnes sont ballottées et mal prises en charge. »
Le groupe annécien prévoit de son côté de transporter des Ukrainiens jusqu’à Paris pour les confier à l’association France Terre d’Asile. Une voiture devait aussi prendre la route mercredi 9 mars pour déposer deux dames âgées à leurs enfants à Annecy.