Pays de Gex : « Retravailler tous les déchets en interne » ou comment Savoie Volailles limite le gaspillage des denrées périssables (3/3)

Le ramassage de carnes et d’os, par une société tierce, coûte à Savoie Volailles environ 700 €.
Le ramassage de carnes et d’os, par une société tierce, coûte à Savoie Volailles environ 700 €.

Du côté de l’entreprise Savoie Volailles, qui dispose d’un magasin à Ornex, plusieurs leviers ont été mobilisés pour limiter le gaspillage alimentaire. « Notre politique consiste à retravailler tous les déchets en interne et à revendre, à bas coût, les produits encore bons, mais dont la limite de consommation est proche », expose Eric Pernoud, directeur général de l’entreprise.

Présent sur les marchés d’Annemasse et de Bellegarde, la société consacre, généralement, trois à quatre mètres de linéaire de leurs étalages, à ces denrées périssables. « Le reste va à la banque alimentaire. Et pour ce qui est vraiment trop tard pour être consommé, plusieurs agriculteurs du coin viennent récupérer les produits qui serviront à nourrir leurs animaux. »

Savoie Volailles cherche d’ailleurs à mettre en place un mécanisme, permettant le retour à la terre des produits arrivés, au-delà de la date limite de consommation. « Nous avons un terrain sur la commune d’Usinens (en Haute-Savoie, non loin du magasin Savoie Volailles de Chêne-en-Semine, Ndlr) et l’on veut s’en servir pour créer une sorte de plateforme des biodéchets, dévoile Eric Pernoud. Il faut bien comprendre que dès que l’on jette des produits, cela nous coûte cher ; c’est pour cela que depuis un an, nous disposons d’un laboratoire permettant d’élaborer les produits, dont on sait que la date limite de consommation arrivera assez vite. »

Ce que prévoit la loi pour limiter le gaspillage

Plusieurs lois encadrent le gaspillage alimentaire.
Plusieurs lois encadrent le gaspillage alimentaire.

Quelles pratiques les grandes surfaces sont-elles tenues d’appliquer ?

Promulguée en 2016, la loi Garot a posé les jalons de la lutte contre le gaspillage alimentaire. Elle interdit aux acteurs de la grande distribution de rendre impropres à la consommation leurs invendus jetés. Certaines enseignes versaient, jusqu’alors, de l’eau de Javel, sur les déchets, afin d’éviter que leurs poubelles ne soient fouillées. Cette loi impose également une hiérarchie des priorités dans la gestion des invendus alimentaires : d’abord « favoriser la prévention du gaspillage, puis utiliser les invendus par le don ou la transformation, puis valoriser dans l’alimentation animale, et enfin utiliser les restes alimentaires à des fins de compost pour l’agriculture ou la valorisation énergétique (méthanisation) », indique, sur son site, le ministère de l’Agriculture. Les distributeurs de plus de 400 m² doivent également proposer des conventions de dons à des associations d’aide alimentaire.

En 2020, la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (Agec) est venue renforcer le dispositif. Davantage d’établissements sont désormais concernés par ces obligations. En outre, les magasins produisant plus de 10 tonnes de biodéchets par an sont obligés de les séparer des autres déchets. Ce seuil passera à 5 tonnes en 2023, selon les termes de la loi Agec. Cette dernière renforce aussi les sanctions en cas d’infraction. Les magasins détruisant des aliments encore consommables s’exposent notamment à une amende pouvant atteindre 0,1 % du chiffre d’affaires du dernier exercice clos.