Françoise, bénévole depuis 1993 prend la parole pour faire le point sur une année particulièrement en tension. En effet, l’année a été marquée par une forte hausse des demandes d’aide alimentaire. Sur les 131 familles qui en ont fait la demande, les Restos n’en ont refusé que 4. Les critères pour être éligible à la distribution sont les mêmes partout en France et se font en fonction des revenus, du taux d’imposition et du quotient familial de la CAF. 20 959 repas ont été servis cet hiver contre 19 977 l’an dernier. Globalement, tous les chiffres sont en hausse et c’est assez alarmant. La population bénéficiaire est composée de 54 personnes seules ; viennent ensuite 23 couples sans enfants ou retraités. Ces deux catégories augmentent, notamment avec les petites retraites qui stagnent et les problèmes pour trouver un emploi stable ces deux dernières années.
53 % des bénéficiaires sont des jeunes (de 1 à 25 ans) rattachés au foyer des parents et les 25-59 ans représentent 38,5 %. Le public se rajeunit depuis 2 ans. La Covid a fait des dégâts, tant en perte d’emploi qu’en pouvoir d’achat. Parmi les familles, 7 % ont un CDD ou un CDI et 28 % sont des familles monoparentales. Le coût du logement : 56 % vivent en logement social, mais 21 % relèvent du privé avec des loyers parfois élevés. 3 % sont envoyés par le CHRS et 7 % sont hébergés par des amis ou de la famille.
L’effet Covid
Cette 2e année post Covid est encore très marquée par un ralentissement du marché du travail, des prix en hausse et un endettement qui s’accumule (arriérés de loyer, remboursement de voiture…). Les familles viennent d’autres pays d’Europe en quête d’un emploi et on observe aussi de plus en plus d’originaires de pays de l’Est même avant le conflit. Cette guerre a eu un impact au niveau de la dernière collecte nationale, début mars. Les dons ont chuté de presque une tonne avec 5,5 de produits récoltés. L’an dernier, il y avait eu un élan de solidarité ; cette année elle s’est tournée vers l’Ukraine. Dans ce climat d’incertitude, certaines personnes font aussi des stocks personnels.
On remarquera que 55 % des personnes sont venues pour la 1ère fois cette année. 30 % viennent depuis plus de 3 ans et ce sont des personnes avec des ressources qui n’évoluent pas. Tous souhaitent continuer pour l’été, mais dès que leur situation s’améliore ils n’abusent pas du système.
– Le centre local des Restos du cœur compte une trentaine de bénévoles actifs permanents.
– La prochaine campagne d’été débute le 1er avril jusqu’à fin octobre.
– Sur cette période, la distribution alimentaire a lieu le vendredi, de 13h30 à 16h30, dans l’ancienne poste du Crédo, 10 rue Joliot-Curie.
– Contact : ad01.bellegarde@restosducoeur.org
Trouver ses marques entre deux déménagements
L’ancienne poste du Crédo est depuis 2 ans le lieu de distribution des Restos du Cœur.
« Pendant la période de confinement ça n’était pas évident, on faisait les distributions par la fenêtre, rappelle Françoise. Il faut reconnaître que le lieu est idéalement placé en face des commerces sur les hauts de Bellegarde et entre deux arrêts de bus. Ça crée un équilibre avec la Croix-Rouge en centre-ville. Notre souci c’est l’agencement à l’intérieur. Il nous faudrait des cloisons à certains endroits pour pouvoir imaginer rapatrier l’administratif ici et certaines activités annexes. Actuellement nous sommes répartis sur 3 endroits. Dans l’ancien local, avenue de Saint-Exupéry, les différentes salles nous permettent de proposer les activités de service à la personne comme les cours de français ou des séances de coiffure. En juin, nous allons devoir déménager notre entrepôt de l’avenue du Maréchal Leclerc à Bellegarde Industries. L’entrepôt actuel était loué par la commune. Le propriétaire nous laisse la chambre froide qui va être déplacée. »
« Il y aura une grosse foire à bras au mois de juin ! » lance Alain, un bénévole qui anticipe la charge de travail.
En effet, car même si le nombre des bénévoles a retrouvé son quota d’avant Covid, les aides ponctuelles sont toujours les bienvenues. Pour la collecte annuelle, 30 bénévoles en plus s’étaient proposés, notamment des jeunes de la mission locale et des féminines de l’équipe de rugby.
« Le rêve serait de tout regrouper en un seul lieu, mais nous allons déjà essayer de trouver une solution efficace pour l’aménagement de ce local ».