Thonon : entre constructions illégales et site pollué, l’histoire chaotique de la base des Clerges

Cette photo extraite du Messager du 10 juillet 2003 illustrait un article intitulé ‘‘L’aménagement de la base nautique des Clerges en suspens’’.
Cette photo extraite du Messager du 10 juillet 2003 illustrait un article intitulé ‘‘L’aménagement de la base nautique des Clerges en suspens’’.

«   Je rappelle qu’il y a un historique assez lourd », soulignait Christophe Arminjon, président de Thonon Agglomération, lors du conseil communautaire du 29 mars dernier, date à laquelle a été entériné le report des travaux de reconstruction de la base des Clerges.

Petit retour en arrière. Le bâtiment qui abrite aujourd’hui le club d’aviron et le Pagaies club a été construit en 1977 sur l’emplacement d’une ancienne usine à gaz. À l’origine, « il devait y avoir une capitainerie et un tank à ramer (bateau destiné à l’entraînement fixé dans un grand bassin, NDLR)  sous une pyramide de verre », rappelle, sourire narquois, le président du club d’aviron. Les travaux n’ont jamais été achevés.

Voilà ce qu’il reste de la digue en partie détruite en 2000.
Voilà ce qu’il reste de la digue en partie détruite en 2000.

La digue destinée à protéger les frêles embarcations des vagues et du vent a, elle aussi, été construite sans autorisation (mais sur le domaine de l’Etat cette fois) avec les gravats de l’ancienne Poste du square Aristide-Briand. Arguant de son existence illégale, une association de riverains a attaqué la Ville et obtenu, logiquement, la destruction de cette jetée (du moins en grande partie), en 2000. Résultat : dès l’année suivante, la houle envoie valser le ponton ainsi que trois bateaux… « Avant, on avait une zone calme où l’on pouvait faire pratiquer les scolaires. Désormais, on n’a plus de protection. Quand le lac n’est pas bon, on ne sort pas », déplore Claude Dubouloz.

Les atermoiements de l’Etat

En 2010, le site est dépollué. De l’ancienne usine (qui a cessé son activité en 1959) subsistait en effet une cuve enterrée encore remplie de goudron de houille*.

En 2013, Jean Denais, alors maire de Thonon, demande aux deux clubs des Clerges d’établir un cahier des charges destiné à faire évoluer des installations devenues obsolètes. Et de promettre le dépôt d’un permis de construire pour la fin de cette même année.

En 2014, la base reçoit la visite de Jean-Jack Queyranne, alors président de la Région Rhône-Alpes. Il apporte son soutien au projet et une subvention de plus de 176 000 euros. « Ce qui bloque encore aujourd’hui, c’est qu’il est nécessaire d’obtenir l’autorisation de l’Etat pour sécuriser l’embarquement et le débarquement des bateaux », exposait alors Claude Dubouloz à l’élu régional.

Ce n’est qu’en 2020 que les choses se concrétisent enfin : l’architecte est choisi, des plans sont élaborés. Manque toujours l’autorisation de l’Etat. Le 26 janvier 2021, Thonon Agglomération, désormais en charge du dossier, budgète 2,8 millions d’euros pour la première phase de travaux de la base. Le 20 mai 2021, l’Etat demande que le projet soit « soumis à évaluation environnementale » repoussant de deux ans le démarrage des travaux prévu en 2022.

*résidu de la gazéification du charbon