La «remontada» n’a pas eu lieu. Crédité d’un retard de huit points au soir du premier tour des élections législatives, le 12 juin dernier, le député sortant Patrick Mignola n’est pas parvenu à renverser la vapeur et a échoué sur les talons de Jean-François Coulomme, une semaine plus tard.
Le candidat d’Ensemble ! a été battu de peu par son concurrent de la Nupes.
Contrairement aux trois autres circonscriptions de Savoie dans lesquelles il n’y a pas eu de suspens, la quatrième a livré un mano à mano jusqu’à l’explosion de joie du camp vainqueur, à 21 h 11.
« Une soirée de bascule permanente »
« On a commencé à notre local de campagne à avoir un décompte des voix qui était en notre faveur au début, puis en faveur de Patrick Mignola puis qui est revenu vers nous. On a passé une soirée de bascule permanente », retrace Jean-François Coulomme.
Il a fallu attendre le verdict de l’ultime bureau de vote, Le Scarabée, pour valider définitivement sa victoire à Chambéry, commune qui a fait basculer l’élection. « C’est du bonheur, ressentait l’heureux élu. On a le sentiment d’avoir réalisé quelque chose d’énorme. C’est presque une aventure nautique où on traverserait un océan. C’est un travail d’équipe, c’est important d’être dans le collectif. C’est une juste récompense ».
Ce succès, Jean-François Coulomme ne la voit pas en Savoie comme un feu de paille. « Vous entendrez désormais cette voix de la Nupes pendant quelques années encore, annonce-t-il. Aujourd’hui, nous avons cette agrégation des forces progressistes. Nous avons tous l’ambition de continuer, de perdurer cette dynamique dont on vient de démontrer l’efficacité ».
La crainte que la « cohabitation se transforme en confrontation »
Échouant dans sa quête de réélection « pour quelques centaines de voix », Patrick Mignola avouait sa « déception ». Beau joueur, il félicitait son adversaire et analysait le résultat de la soirée. À sa manière.
« Les Françaises et les Français, les Savoyardes et les Savoyards avaient, je crois, de nouveau envie de cohabitation. Ils avaient envie que des hommes et des femmes de sensibilité politique différente travaillent ensemble à l’Assemblée Nationale », titillait-il. Une situation qui l’interpelle : « J’espère qu’ils ne seront pas déçus mais je crains qu’ils le soient et que cette cohabitation se transforme en confrontation. Il est probable qu’une majorité ne se dégagera pas de l’Assemblée Nationale et qu’on assiste à une confrontation entre l’extrême-gauche et l’extrême-droite. Je ne le souhaite pas pour mon pays, de là où je serai ».
Sans mandat désormais, Patrick Mignola n’a toutefois pas l’intention d’abandonner son engagement politique. Il entend continuer à travailler « pour qu’on réponde aux urgences : le pouvoir d’achat, l’école, la santé, la lutte contre le réchauffement climatique dans un département comme la Savoie qui doit être l’objectif prioritaire ».
- Jean-François Coulomme (Nupes) : 50,85 %, 18 083 voix
- Patrick Mignola (Ensemble !) : 49,15 %, 17 479 voix
Taux d’abstention : 50,72 %
Un an après avoir échoué dans sa quête d’un siège au Château des Ducs, lors des dernières élections départementales, Jean-François Coulomme va pouvoir s’asseoir sur un autre, plus prestigieux, sur les bancs du Palais Bourbon.
À 56 ans, le représentant de La France Insoumise a été élu député de la 4e circonscription de Savoie sous les couleurs de la Nouvelles Union Populaire Écologique et Sociale (Nupes). Ce ne sera pas son premier mandat puisqu’il est conseiller municipal dans la commune Les Déserts.
À l’Assemblée Nationale, cet ingénieur commercial dans une entreprise du bâtiment pourra faire entendre la voix montante de cette union de la gauche, d’autant que la majorité du Président de la République n’a pas été obtenue à la majorité absolue.
« Du mal a été fait dans les esprits de nos enfants »
« Ça va être un mandat de combat où il va falloir porter nos idées à l’Assemblée Nationale, estime Jean-François Coulomme. Il va falloir essayer de constituer des alliances. On se rend compte qu’on sera même transpartisan pour des mesures pour lesquelles on aura des associations de forces politiques, qui vont certainement surprendre la majorité présidentielle ».
S’il fait de la lutte contre les violences faites aux femmes une priorité, comme annoncé dans nos colonnes le 16 juin dernier, le nouveau député aimerait travailler au sein d’une commission permanente qui lui tient à cœur : celle de l’enseignement.
« Elle me semble cruciale quand on voit ce qui s’est passé ces dernières années, et cela remonte même au-delà du quinquennat Macron, on se dit qu’il y a du mal qui a été fait dans les esprits de nos enfants ».