Comment devient-on capitaine d’un mouvement de pirates, après un parcours dans le luxe en Suisse ?
Entre 20 et 30 ans, j’ai essayé de me faire une place dans la société. Après un bac+5 dans une école hôtelière spécialisée dans l’industrie du service, ma mission a été d’ouvrir de nouveaux marchés, de Bakou à Chicago. Et puis, j’ai toujours eu envie de créer ma propre entreprise. C’est comme avoir un 3e enfant, quand on est une femme et qu’on veut faire une carrière.
En 2019, j’ai lancé à Annecy le Mouvement H (comme Hackers), un laboratoire d’innovation sociale et d’accompagnement dans la quête de sens. En tant que citoyens, nous pouvons prendre part aux changements de notre société, face à la crise climatique et aux enjeux sociaux. Alors j’ai créé une web-série « Sabotage » et des tables rondes de philosophie. Nous sommes aujourd’hui 30 pirates et travaillons ensemble notre hygiène intellectuelle et émotionnelle pour mieux impacter la société. Mais nous ne sommes pas là pour donner des leçons. La transition va se faire de toute façon, alors autant que ce soit joyeux.
Vous avez depuis franchi une nouvelle étape, avec la création de l’Ecole de la reconversion écologique au Quai 225 à Saint-Jorioz. Quelles sont vos motivations ?
Je souhaitais répondre plus activement à la question : comment construire une nouvelle société ? C’est à ce moment que j’ai rencontré mon associé, Thomas Guillermou. Il avait envie de monter une école et m’a proposé ce projet pour former les soldats de demain et faire pivoter les entreprises. L’idée c’est d’avoir un seul organisme de formation à Annecy qui regroupe l’ensemble des acteurs du territoire. Nous voulons apporter des compétences techniques réelles, comme savoir faire un bilan carbone et déployer des solutions pour notre cause commune, sans faire de greenwashing. Notre objectif ? Former 50 personnes par an capables d’impacter le territoire de manière durable, et acculturer l’ensemble des entreprises de la région sur les enjeux climatiques, la RSE ou les nouvelles méthodes de gouvernance. Nous proposons des modules spécifiques pour les salariés, les freelances et les particuliers. Nos formateurs animent aussi des ateliers en entreprises. Les premières sessions de formation débutent en septembre 2022.
« Je me suis pris cette quête de sens en pleine figure pendant le confinement »
J’étais déjà dans des questionnements, et j’ai beaucoup lu pendant le confinement. J’ai aussi pris le temps de réfléchir. Le 3 juin 2020, en lisant le rapport du GIEC, j’ai eu un on/off. Là, je me suis dit, il y a beaucoup de choses qui ne vont pas et je participe à ça. Alors j’ai commencé à me déconstruire. J’ai arrêté de manger de la viande, limité mes déplacements et médité.
Pour en savoir plus : www.campus225.fr ; https://www.mouvementh.com/
