Une victoire attendue, mais renversante pour l’Italie
Elle était attendue victorieuse aux élections législatives en Italie, elle l’a été ce dimanche 25 septembre 2022. Giorgia Meloni, candidate d’extrême droite avec son parti Fratelli d’Italia, la coalition avec La Lega de Matteo Salvini et Forza Italia de Silvio Berlusconi, l’emporte avec environ 43 % des voix. La majorité absolue au Parlement italien (chambre des députés et Sénat).
Dans un contexte particulier pour l’Italie, plutôt habituée à une très forte participation, de forte abstention avec seulement 64,07 % de votants (contre 73,86 en 2018) et de nombreuses années de crise économique et politique (trois gouvernements en quatre ans) elle s’est imposée, elle, la néofasciste se revendiquant de Mussolini, face à un net recul du principal parti de gauche le parti démocratique d’Enrico Letta qui tombe sous les 20 %. Giorgia Meloni, à 45 ans, la première femme en Italie à prétendre au poste de première ministre en Italie, s’est rapidement exprimée, dans la nuit, pour la constitution d’un gouvernement de centre droit. « Les Italiens ont envoyé un message clair en faveur d’un gouvernement de droite dirigé par Fratelli d’Italia. Nous gouvernerons pour tous. Nous le ferons dans l’objectif d’unir le peuple »
Les réactions
Les réactions divergentes n’ont pas manqué de se faire entendre en France. « Les Italiens ont offert une leçon d’humilité à l’Union européenne qui, par la voix de Mme Von Der Leyen, prétendait leur dicter leur vote. Aucune menace d’aucune sorte ne peut arrêter la démocratie : les peuples d’Europe relèvent la tête et reprennent leur destin en main ! », s’est félicité Jordan Bardella du Rassemblement National. Pour Marine Le Pen : « Le peuple italien a décidé de reprendre son destin en main en élisant un gouvernement patriote et souverainiste ». Quand de son côté Eric Zemmour s’est réjoui : « Comment ne pas regarder cette victoire comme la preuve que oui, arriver au pouvoir est possible ? ».
Alors que Yannick Jadot d’EELV s’est attristé : « Terrible victoire post-fasciste en Italie. Pologne, Hongrie, Suède et maintenant l’Italie… La démocratie n’est jamais acquise, les pulsions de haine jamais terrassées ! »
Vers le poste de première ministre ?
Les choses semblent s’accélérer en Italie, mais pour autant tout ne va pas se régler si rapidement. Au parlement, l’affirmation de la majorité absolue pourrait ne pas être très simple. Giorgia Meloni pourrait, malgré la coalition dans les urnes, avoir à affronter le retour des ambitions de Silvio Berlusconi, les très vives prétentions politiques de Matteo Salvini. Et il est quasi de tradition qu’en Italie, la constitution d’un gouvernement prenne du temps. Pas moins de deux mois, le temps pour le président de la République de consulter les différentes formations politiques et de faire son choix. Sachant que rien ne l’oblige à nommer le vainqueur des élections.
À l’image de Marine Le Pen, un positionnement politique moins dur, mais…
Même si elle a soutenu : « Il n’y a pas de place pour les nostalgiques du fascisme, ni pour le racisme et l’antisémitisme, qui sont à des années-lumière de notre ADN », si elle a, comme Marine Le Pen en France, une de ses références, lissé son discours, vers des versions plus populistes, moins extrémistes, elle n’en demeure pas moins sur un versant très à droite et très conservateur : « Oui à la famille naturelle, non au lobby LGBT ! Oui à l’identité sexuelle, non à l’idéologie du genre ! Oui à la culture de la vie, non à l’abîme de la mort ! Oui aux valeurs universelles de la Croix, non à la violence islamiste ! Oui aux frontières sûres, non à l’immigration de masse ! Oui au travail de nos citoyens, non à la grande finance internationale ! Oui à la souveraineté du peuple, non à la bureaucratie de Bruxelles ! Oui à notre civilisation, non à ceux qui veulent la détruire », a-t-elle clamé devant ses militants en juin 2022.
Affirmant aussi au sujet de l’Islam : « Nous défendrons Dieu, la patrie et la famille, faites-vous une raison. Nous nous battrons contre l’islamisation de l’Europe, parce que nous n’avons aucune intention de devenir un continent musulman ».
Ou encore à propos des homosexuels : « Ils veulent que nous soyons le parent 1, le parent 2, le genre LGBT, les citoyens X, des codes. Mais nous, nous ne sommes pas des codes, nous sommes des personnes et nous défendrons notre identité. Je suis Giorgia, je suis une femme, je suis une mère, je suis italienne, je suis chrétienne ».
Et de l’Europe : « Je vous le dis ce qui va se passer, la fête est finie, l’Italie va commencer à défendre ses intérêts nationaux comme le font les autres, et après on cherche des solutions communes ».