L’ambition française de l’électrique
Dans un contexte de révolte sociale qui s’accélère : marche contre la vie chère, dimanche 16 octobre 2022, grève générale prévue dans de nombreux secteurs pour demain mardi 18 octobre, résistance des grévistes CGT des raffineries, inflation galopante, le gouvernement et le président de la République se sont fendus d’une batterie de mesures économiques notamment en faveur de la voiture électrique.
Dimanche 16, octobre, interviewé par le journal Les Echos, Emmanuel Macro a annoncé l’augmentation du bonus pour l’achat d’une voiture électrique, le faisant passer de 6 000 à 7 000 euros, pour les véhicules électriques compacts ou SUV vendus moins de 47 000 euros. Comme la Renault Mégane, la Peugeot 2008. Mais pas pour une Tesla. Et aussi l’application aux bornes de recharge, du bouclier tarifaire sur les prix de l’énergie. « Aujourd’hui, les prix restent raisonnables, nous allons nous assurer qu’ils le resteront ».
Des petits plus, compris dans un vaste plan en faveur de la production, la vente et l’utilisation de l’électrique. L’objectif exprimé ce week-end par le président étant d’atteindre la production en France d’ici 2027 d’un million de véhicules électriques et de deux millions d’ici 2030. Pour d’ici 2035, passer au tout électrique. Parlant de « politique massive pour réindustrialiser l’Europe », défendant face à la Chine et aux États-Unis « une préférence européenne sur ce volet et un soutien fort à la filière automobile. Il faut l’assumer et cela doit advenir le plus vite possible ».
Emmanuel Macron a aussi fait savoir que la location de voiture à 100 euros par mois, pour les foyers les plus modestes, sera activée au deuxième semestre 2023.
Rassurer les Français, pas si sûr !!
Ce même dimanche, Élisabeth Borne la première ministre était sur le plateau de TF1, où elle a annoncé le maintien sur les carburants, jusqu’à mi-novembre, de la ristourne de l’État de 30 centimes, alors qu’elle devait baisser à 10 centimes au 1er novembre et celle de 20 centimes de TotalEnergie.
Toujours pour tenter d’adoucir la grogne sociale et rassurer les Français, elle a pointé du doigt les salariés qui poursuivent le mouvement de grève dans les raffineries, et menacé de procéder à de nouvelles réquisitions. « Je peux vous assurer que le gouvernement est très mobilisé pour faire ce qui dépend de lui ». « Dès que les conditions ont été réunies, j’ai demandé au préfet de procéder aux réquisitions ». Selon elle, « ce n’est pas normal qu’une minorité de salariés continue à bloquer le pays ».
Mais peut-être paradoxalement dans ce contexte de tension sociale, politique et syndicale, elle a exprimé la volonté du gouvernement de recourir au 49.3 pour faire passer la première partie du projet de budget. « Les groupes de l’opposition m’ont à peu près tous confirmé qu’ils ne voteraient pas le budget et qu’ils voteraient même contre. Donc on sera sans doute amenés à recourir au 49.3 mais, contrairement à ce que dit Jean-Luc Mélenchon, ça ne sera pas demain lundi. »
Tout en souhaitant vivement que le débat ait lieu, assurant que des propositions de la majorité et de l’opposition étaient intéressantes et qu’elle aurait « dès demain, (…) un échange avec les présidents de groupes parlementaires de la majorité. On regardera quels sont les amendements qui seront repris dans le texte final et ceux qui ne le seront pas ».
À souffler le chaud et le froid, le résultat escompté sera-t-il tiède ? Les jours qui viennent vont rapidement apporter une réponse…