Annemasse : l’irrésistible montée en puissance de l’association Glitch

«  C’est juste avant le soir. Il y a cette minute infiniment brève. Cette minute interminable. Elle a la fragilité des rêves qui nous échappent le matin venu. » Ces mots magnifiques de Florian Eglin, placés à côté d’un croissant de lune, accompagnent harmonieusement les flamants verts et le soleil rouge peints par l’artiste Serval sur la façade des locaux de Glitch, rue du Château-Rouge, à Annemasse.

Cette fresque puissamment onirique s’inspire de « la culture japonaise », décrypte Wozdat, directeur artistique de Glitch, qui a supervisé la réalisation de la troisième œuvre publique de 2022 dans le cadre de la collaboration avec la Ville d’Annemasse, après celles très réussies de la rue du Beulet et de l’avenue Jules-Ferry.

Que de chemin parcouru pour l’association d’art urbain depuis ses débuts en 2017 à la Croix d’Ambilly, au beau milieu des travaux du tram. « On avait récupéré un bungalow de chantier, dans lequel on s’était installés, rembobine Wozdat, unique salarié de Glitch. On faisait des expositions de visuels sérigraphiés. »

Glitch décolle vraiment en participant deux années consécutives (2018 et 2019) au festival I am Billy. « Nous avons réalisé des fresques le long de la voie verte ou encore sur les murs de deux écoles et d’un gymnase », cite l’Annemassien de cœur, qui a trouvé dans le modèle associatif le moyen de s’exprimer pleinement, malgré les lourdeurs administratives.

Glitch adoubée par Genève

Autre réussite, et non des moindres : en 2018, l’association est choisie par la Ville de Genève pour co-organiser avec elle le dixième anniversaire du festival Prim’art, manifestation autour de l’art urbain. « Pour des Français, c’est quelque chose d’être retenus pour animer un événement culturel de cette envergure à Genève », glisse Wozdat, sans prétention aucune, avec justement l’humilité de se rendre compte que ce n’est pas rien.

Ces premiers coups d’éclat font « gagner en assurance et lèvent des barrières mentales », exprime Jean-Philippe Blanc, avec les mots justes de celui qui a appris à jouer avec sur les ondes de Radio Magny.

Même les copropriétés s’arrachent Glitch

L’an dernier, FBI Prod (Il Fallait Bien Innover production), association avec laquelle Wozdat a tant collaboré, quitte ses locaux de la rue du Château-Rouge. Comme un trait d’union et une évidence, Glitch investit la bâtisse désertée.

L’association est déjà entrée dans le quotidien des Annemassiens, grâce aux trois œuvres précitées, à des animations autour de deux conteneurs superposables lors des samedis de la piétonnisation, mais aussi avec des copropriétés : « Elles pensent qu’avoir une fresque permet de réduire le risque d’être tagué. » Wozdat en convient : « En ce moment, les planètes sont alignées. »

Glitch a la solidité des rêves qui se sont réalisés le soir venu.