Si vous êtes ponctuel au point qu’on puisse dire de vous que vous êtes réglé comme une horloge suisse, sachez qu’au XVIIIe siècle, cela n’aurait pas été un grand compliment. À l’époque, l’horlogerie helvète était supplantée par son homologue britannique en matière de précision. Certes, les montres suisses étaient belles mais elles ne donnaient l’heure qu’approximativement par rapport à la concurrence. L’université de Genève explique qu’à l’époque « la seule manière de régler montres et horloges consistait alors à observer précisément le passage du Soleil au méridien. Or les conditions météo de Genève ne permettaient pas ce genre d’observation quotidiennement ». À croire que le Royaume-Uni, c’était le Brésil en matière d’ensoleillement il y a 3 siècles !
1772 au bastion Saint-Antoine
Dès 1739 pourtant, l’ingénieux physicien genevois, Jean Jallabert, alors titulaire de la chaire de physique expérimentale de l’Académie de Genève, propose de remédier à ce manque de précision en évoquant la création d’un observatoire afin de fournir une mesure précise du temps à l’industrie horlogère. Mais son idée fut rejetée par manque de financement. Il fallut finalement attendre 1771 pour que ce projet soit relancé par l’astronome genevois Jacques-André Mallet, alors connu pour sa participation, en 1769, à l’une des missions russes dont le but était de mesurer la distance Terre-Soleil.
Il obtient l’autorisation pour la construction d’un observatoire en 1772, qui sera en quelque sorte l’acte de naissance de la précision suisse puisqu’il donne alors enfin aux horlogers l’heure exacte, grâce à une observation minutieuse des astres depuis le bastion Saint-Antoine en plein cœur de Genève. À l’époque, rappelle la RTS dans un grand format consacré aux 250 ans de l’observatoire de Genève, « l’horlogerie est florissante dans la Cité de Calvin : près de 4 500 personnes sont employées dans cette industrie – cela représentait environ un tiers de la population masculine ».
Deux prix Nobel de physique
Aujourd’hui, l’excellence de l’horlogerie suisse ne fait plus aucun doute comme celle de l’Observatoire d’ailleurs. Installé depuis 1967 à Sauvergny, à la frontière entre les cantons de Genève et de Vaud, l’observatoire est situé au numéro 51 du chemin Pegasi, le nouveau nom donné à son adresse en juin 2021 en référence à la découverte, en 1995, de la première exoplanète de l’Histoire, nommée 51 Pegasi b. Ce haut fait scientifique a valu à Michel Mayor professeur à l’Observatoire de Genève à l’époque et Didier Queloz son doctorant de remporter le prix Nobel de physique en 2019. De quoi conforter la position dominante de la Suisse dans la recherche scientifique aujourd’hui.
Du 20 janvier au 30 avril 2023, une exposition vous surprendra à la galerie du Boléro à Versoix puisque les œuvres que vous contemplerez sont le fruit de rencontres entre des scientifiques du Département d’astronomie de l’Université de Genève et des artistes de bande dessinée.
Début 2023 aussi, l'orchestre de Chambre de Versoix et l'association Le Carnaval des Planètes présenteront un voyage musical et astronomique, salle Adrien-Lachenal, à Versoix. Un concert joliment appelé « La symphonie des planètes ».