Après les attentats de Paris en janvier 2015, Ferney créait en 2017 les Rencontres de la Laïcité. Une opération renouvelée chaque année afin de défendre ce précieux pilier des valeurs républicaines contre les attaques qu’il essuie de plus en plus fréquemment. Cette année, au menu des rencontres, la question du blasphème et du droit au blasphème.
Le blasphème est autorisé en France
« La laïcité est de plus en plus fragilisée. Ceux qui luttent contre interdisent le blasphème, or il est parfaitement autorisé en France, s’insurge Daniel Raphoz, maire de Ferney et fermement mobilisé contre la remise en cause de la laïcité, que ce soit à l’école, dans les cantines, dans le sport et dans l’espace public en général. « Dans notre société, aujourd’hui, on voit croître les contraintes, la censure, on n’ose plus dire certains mots, la liberté s’étiole ; le blasphème est de plus en plus considéré comme un manque de respect, alors que c’est une liberté ! »
Il n’y a qu’une laïcité
Pour le maire de Ferney, il n’y a qu’une laïcité, « on ne peut pas s’accommoder des communautarismes. En France, d’où que l’on soit, d’où que l’on vienne, on vit dans la République et avec les valeurs de la République. La foi ne doit pas dicter la loi ; c’est la loi qui protège la foi, qui doit rester dans la sphère privée. »
Eric Piolle indésirable
Un discours qui prend tout son sens avec l’affaire du burkini, à Grenoble, et les prises de position sur la question du maire dauphinois Eric Piolle. « On nous a proposé sa venue aux Rencontres, poursuit le maire ; nous avons refusé car on ne veut pas lui faire de publicité. On ne peut pas tout accepter. Il a d’ailleurs été désavoué par sa population, son conseil municipal, et même par la justice. »
Ne pas réagir, c’est le piège
Daniel Raphoz est particulièrement sensible aux problèmes générés par les croyances parmi les jeunes, notamment les collégiens et lycéens. C’est pourquoi vendredi matin une rencontre aura lieu au lycée international entre un représentant du Comité laïcité République et les élèves.
« Face aux communautarismes, le piège est tendu de ne pas réagir. Or ne pas réagir, c’est se condamner, conduire une nation à l’échec. A Ferney, nous recevons des gens du monde entier, nous défendons un esprit ouvert, nous respectons les individus, ils doivent respecter nos règles. Il faut se méfier des gens pleins de certitudes sans preuves. En République, on a le droit de douter et d’exprimer son doute. Face à l’obscurantisme, la peur n’évite pas le danger. La laïcité doit être partagée par tous. »
Les Rencontres de la laïcité, c’est pour le premier magistrat de Ferney l’occasion d’amener une pierre à l’édifice, qui s’inscrit dans une politique municipale à long terme, et passe notamment par la formation des 180 personnels communaux à la laïcité.
« Notre objectif, conclut Daniel Raphoz, c’est de voir comment s’organiser pour éviter le choc des cultures et des civilisations, pour ne pas retomber dans l’obscurantisme. Epineux et délicat combat. Mais il est trop facile de ne rien faire ! »
Les Rencontres de la laïcité de Ferney-Voltaire auront lieu les vendredi 18 et samedi 19 novembre.
Vendredi 18 novembre, de 18h à 20h au château de Voltaire, table ronde avec la participation de Marie-Georges Buffet, Frédérique de la Morena et Naëm Bestanji.
Samedi 19 novembre, colloque autour du blasphème de 10h à 13h au château de Voltaire. A 16h30, inauguration de la rue du Chevalier de la Barre en bas de l’allée Voltaire. A 20h30 à la Comédie de Ferney, lecture-spectacle, « lettre ouverte aux escrocs de l’islamophobie qui font le jeu des racistes », à partir du texte de Charb.
Entrée libre. Réservation conseillée au 04 50 40 18 56 ou sur www.ferney-voltaire.fr