Jorge Luis Borges, l’écrivain amoureux de Genève

Jorge Luis Borges, un amoureux de Genève.
Jorge Luis Borges, un amoureux de Genève.

Né à Buenos Aires en 1899, Jorge Luis Borges débarque dans la cité de Calvin en 1914, en pleine adolescence, avec parents, petite sœur et grand-mère maternelle. Son père, éminent avocat et professeur de psychologie, atteint de cécité, doit consulter un ophtalmologue réputé. Surpris par la Première Guerre mondiale, ils y resteront jusqu’au décès de sa grand-mère en 1918.

Il devient collégien au Collège de Genève, rebaptisé en 1969, Collège Calvin. Habitué à parler aussi bien l’espagnol, le portugais, l’anglais avec ses parents, il apprend le français, le latin, l’allemand, mais pas seulement… Il écrit dans son essai autobiographique Atlas, que pendant ces années, il découvre « l’amour, l’amitié, l’humiliation et la tentation du suicide ». À cette époque, sa relation à la ville est plutôt ambiguë.

Sur les pas de Borges

Bien que Borges se plaise dans ses écrits à perdre le lecteur dans un labyrinthe où dans des sentiers qui bifurquent, pour faire allusion à l’une ses plus célèbres nouvelles « Le Jardin où les sentiers bifurquent », la Genève de Borges se jouait dans un mouchoir de poche. Dans sa jeunesse, il résidait avec ses parents, au 7 de la rue Ferdinand-Hodler, du nom du peintre dont il admirait les œuvres. Il n’avait que quelques pas à faire pour se rendre au collège.

Quand il revient à Genève à la fin de sa vie, frappé depuis plusieurs années de la même cécité que son père, obligé de dicter ses textes à sa compagne Maria Kodama, il s’installe de nouveau dans la vieille ville au 28, Grand-rue où une plaque commémorative confirme l’attachement de l’écrivain à sa ville de cœur. C’est à Genève qu’il vécut ses derniers instants en 1986. Il fut incinéré et ses cendres reposent au cimetière des Rois.

« De toutes les villes du monde, de toutes les patries intimes qu’un homme cherche à mériter au cours de ses voyages, Genève me semble la plus propice au bonheur. » Jorge Luis Borges. Extrait du livre Atlas.

Nº735

La tombe de Borges, nº735, située sous un if, est la plus visitée du panthéon genevois. Fleurs, bougies, petits mots ornent constamment la pierre tombale. Nombreux sont ses compatriotes, visiteurs connus et inconnus qui viennent se recueillir sur la dernière demeure de l’écrivain et poète. C’est sa compagne Maria Kodama, épousée deux mois avant son décès qui a conçu la tombe avec cette croix celtique, ces étranges dessins et inscriptions, issus des épopées vikings que le couple affectionnait. Énigmes pour certains à l’image du style labyrinthique de l’écrivain. En résumé, c’est peut-être un dernier message de force et de courage de la part de l’écrivain à ceux qui viennent se recueillir.

« Je sais que je reviendrai toujours à Genève, peut-être même après la mort de mon corps. » (Atlas, Gallimard 1988.)