V
ous venez de recevoir l’un des prix littéraires les plus réputés de France, le Prix Guillaume-Apollinaire Découverte 2022. Quel sentiment vous anime ?
J’ai, tout d’abord, été très touché. Je l’ai reçu comme un mélange d’honneur et de confiance car c’est le plus ancien prix de poésie, le plus prestigieux, composé d’un éminent jury de grands poètes.
Ensuite, le recueil a été écrit dans des conditions particulières, un moment de ressourcement, d’introspections très fortes où j’ai pu ressentir une grande paix. J’ai plaisir à croire que cette paix a su nouer une conversation avec mes lecteurs.
Qu’avez-vous voulu transmettre à vos lecteurs avec cet ouvrage ?
Que le chemin se fait. Peu importe sa physionomie, son aspect hirsute, vertigineux. Une forme de rupture émotionnelle avec le monde est nécessaire. Il y a le besoin de s’écouter, de laisser s’exprimer les blessures enfouies, les intuitions afin qu’elles se purgent et se transforment. C’est comme cela que l’on s’éveille.
Vous avez aussi publié un roman l’année dernière et vous écrivez régulièrement des chroniques dans des journaux régionaux. Qu’est-ce que l’écriture vous apporte ?
Une hygiène, une façon sincère d’être moi-même, à ma place. J’observe beaucoup autour de moi, les personnes, les faits sociaux, la politique. Cet effort pour maintenir une acuité particulière se concrétise dans l’écriture.
Quels sont les auteurs qui vous ont le plus marqué ?
Ceux qui exprimaient certainement un désenchantement et un ré-enchantement à la fois. Je pense à Jean Giono, Georges Bernanos, John Tolkien, Ernst Jünger, Albert Camus…
Parlez-nous un peu de votre parcours…
Je suis diplômé de Sciences-Po Lyon. Je travaille auprès des élus dans l’administration locale où la force du verbe est importante puisque c’est au moyen du discours que l’élu incarne une vision et un projet. Ce que l’on souhaite de meilleur, ce qui est promis à l’avenir se réalise en premier lieu au travers des mots.
Sur quels projets travaillez-vous actuellement ?
Il y en a plusieurs, dont un prochain roman, un prochain recueil de poèmes, quelques chroniques pour la radio sur le rapport entre Giono et la civilisation paysanne, mais aussi des chroniques littéraires ou des textes d’humeur pour quelques revues.
«Plein Sud», l’ouvrage récompensé par le prix Guillaume-Apollinaire est paru en avril 2022, aux éditions de l’Aire.
Depuis 2020, Quentin Dallorme tient un blog «ça sent le roussi !», où il fait part de ses humeurs et de ses analyses sur la société.
En 2021 à l’Astre Bleu, il a publié un roman «Le Cœur sur l’eau – un été à Nantua» où il évoque sa ville d’adoption, son lac et la nature à travers la vie d’un jeune rameur dénommé Hugo.