Alphonsine, sa mère, a repris et tient la boutique et l’on trouve tout chez Grospiron : tissus, mercerie, épicerie, chaussures, quincaillerie française et étrangère, ferronnerie et serrurerie pour meubles et bâtiments, ferblanterie, outils d’agriculture et de menuiserie, fer battu, articles de ménage, etc.
En voici l’inventaire du fonds de commerce réalisé en 1908, digne de Prévert, marchandises en stock sur plusieurs pages… 31 paires de chaussures pour femme : 190 francs… un lot de pipes : 20 francs… 120 kg de café, chocolat, biscuits, bonbons divers, thé, cacao et pâtes diverses : 110 francs… du tissu, du coton, des vêtements pour homme et femme, etc.
De nombreux commerces sont présents dans la vallée. La principale raison est liée aux difficultés de circulation pour se rendre, en hiver, de la vallée de la Valserine aux villes les plus proches : Gex, Bellegarde ou Saint-Claude. La seconde est la proximité de la zone franche entre la France et la Suisse voisine, délimitée par la crête des Monts-Jura.
Zone de contrebande
Cette frontière descend, même brièvement, à l’emplacement du cours de la rivière, durant quelques années, mais son contrôle en est alors plus compliqué pour les douaniers. Cette zone franche entraîne le développement d’un commerce des plus attractifs et génère également des trafics par des contrebandiers prospères, une « profession » localement en plein essor, à l’époque… Pour une population d’un peu moins de 500 habitants, sont installés 4 marchands de draps, 3 marchands de fromages en gros, 2 cafés, 1 marchand de vin en gros…
Jean, le visionnaire
En 1932, Jean Grospiron, âgé de 19 ans, perd sa mère Anna, emportée par la maladie. Conseillé et aidé par son frère et son beau-frère, et pressentant l’avenir de l’or blanc dans le Jura, il entreprend en 1934 de réaménager la maison de famille, supprime le commerce et ouvre, à la place, l’hôtel du Crêt de la Neige.
Premier remonte-pente de la vallée
Il anticipe ainsi le développement touristique de la station, et crée, en 1935, avec M. Juillard et un associé d’Aix-les-Bains, le premier remonte-pente que l’on nommera ensuite téléski, pour le plaisir de nombreux sportifs, venant de toute la région. A l’époque, le souci ne provient pas du manque d’enneigement mais du fonctionnement aléatoire car celui-ci déraille régulièrement...