Prix de l’électricité : «Ouvrir l’hôtel, ça n’aurait payé que la facture EDF»

Jean-François Bianchi, gérant de l’hôtel l’Hermitage; sa voisine, Martine Chedal, de l’hôtel Altis-Valvert.
Jean-François Bianchi, gérant de l’hôtel l’Hermitage; sa voisine, Martine Chedal, de l’hôtel Altis-Valvert.

«   Notre tarif d’électricité a été multiplié par 4 », décrit Jean-François Bianchi, le gérant de l’hôtel l’Hermitage. Cet hôtelier installé à Brides-les-Bains depuis 2003 montre, toujours abasourdi, le tableau expliquant ses nouveaux tarifs d’électricité pour l’année 2023 : pour l’hiver, il est passé de 14,198 centimes le kWh en 2022 à 58,473 centimes en 2023. « On devait ouvrir pour Noël, mais là, on n’ouvre pas du tout en janvier. Si on avait fait le même chiffre que janvier 2022, ça n’aurait payé que la facture EDF. »

Engagé auprès des championnats du monde, il va ouvrir son hôtel en février. Les chambres sont déjà réservées, mais il sait déjà qu’il ne fera pas de bénéfice : « Ça va payer le loyer, et la facture EDF. Si tout va bien, on ne gagne pas et on ne perd pas. » Il prévoit pour le mois de février un chiffre d’affaires entre 46 000 et 50 000 €. Et une note d’électricité de 32 000 €, contre 8 000 € l’année dernière.

Un cinquième du chiffre d’affaires

« Sur l’année, ça devrait représenter un cinquième du chiffre, calcule-t-il rapidement. Ces tarifs mettent en péril l’entreprise, ce sont des emplois saisonniers qu’on ne reprendra pas. On est tellement abasourdis qu’on ne réfléchit plus qu’à comment on va s’en sortir d’un mois sur l’autre. »

Martine Chedal, gérante de l’hôtel Altis Valvert voisin, se pose les mêmes questions : « On ne peut pas répercuter sur nos tarifs, on ne va plus avoir de clients. Mais si on ne répercute pas, on va perdre nos affaires. On va couler nos boîtes ! Alors que dans cette région, on a du travail toute l’année. » Son hôtel est ouvert, malgré ses tarifs d’électricité multipliés par 4. Les deux gérants sont unanimes : « On ne peut pas joindre les fournisseurs, donc on ne peut rien faire, ni avoir de renseignements. »

Pourquoi ces hausses en Europe ?

1) L’augmentation du prix du gaz : Beaucoup de la production européenne d’électricité provient de gaz naturel. Or, avec la guerre en Ukraine, la Russie a baissé ses exportations de gaz vers l’Europe.

2) L’état du parc nucléaire français : Une partie du parc nucléaire français est à l’arrêt pour des questions de maintenance. Selon Le Monde, au 1er septembre, seuls 24 des 56 réacteurs nucléaires d’EDF étaient opérationnels. Habituellement exportatrice, la France doit donc se fournir sur le marché européen.