Valserhône : environ 300 manifestants dans la rue contre la réforme des retraites

La manifestation intersyndicale a parcouru le centre-ville de Bellegarde.
La manifestation intersyndicale a parcouru le centre-ville de Bellegarde.

Selon les estimations de plusieurs membres de l’intersyndicale de Bellegarde, le cortège qui a parcouru le centre-ville, a réuni entre 300 et 400 personnes, « 250 environ, mais c’est très approximatif », nous indique un agent de la gendarmerie.

« On s’attendait à maximum 200 personnes et je pensais que nous aurions plutôt 150 manifestants, souligne Eric Perocheau, militant SNES-FSU. Pour cette première journée, on est bien plus que le 5 décembre 2019 (la dernière manifestation, déjà contre les retraites à Valserhône, Ndlr) et il y a des gens que je n’avais jamais vus en manif, ce qui montre l’ampleur du mouvement. »

Le cortège de manifestants a d’abord écouté un bref discours de plusieurs membres de l’intersyndicale, avant de traverser la rue de la République. Ils ont ensuite remonté la rue Paul-Painlevé, cheminé dans la rue Lafayette, jusqu’au rond-point de Savoie sur lequel ils ont tourné à deux reprises ; avant de se rediriger devant l’hôtel de ville, vers 11 h 20.

Quelques drapeaux de plusieurs organisations syndicales (FSU, CGT, Sud Rail, SNUipp…) sont agités, le long du parcours. Une dizaine de pancartes sont brandies : « Pas d’argent magique, que des choix politiques » ; « De 7 à 67 ans, ensemble contre la réforme des retraites » ; « Travail, famille, pâtes-riz ».

Comme habituellement, plusieurs musiques françaises ont été reprises, en changeant quelques paroles, pour faire écho à leurs revendications : « J’ai travaillé des années, sans répit… » sur des airs de Charles Aznavour, ou encore, « pas de discussions, tant que les salaires resteront dérisoires », au rythme de « pas de boogie-woogie », d’Eddy Mitchell. Et ce n’est pas le temps, particulièrement froid, qui a empêché les contestataires de chanter. « Il fait froid, mais on est chaud bouillant ! », s’exclame l’un d’eux.

Parmi eux, on retrouve un certain nombre de professeurs bellegardiens, mais aussi du Pays de Gex, visibles grâce à leurs pancartes. « Si je fais grève, c’est surtout pour les autres, confie l’un d’eux. Ceux qui travaillent, en ce moment, qui ont un métier pénible, qui ont commencé tôt… Je ne comprends pas pourquoi on allonge l’âge légal mais pas la durée de cotisation. En plus, le chômage est très élevé à partir de 60 ans… » Jasmine Bonnand, également professeur et déléguée syndical Sud Education et Solidaires, présente sur le parvis de l’hôtel de ville, ce matin, va plus loin. Elle estime la réforme « injuste, inutile, incohérente socialement et pénalisante pour les femmes » mais se dit « satisfaite de la mobilisation ».

Une forte mobilisation bellegardienne, aussi du côté des agents territoriaux. « Cette réforme est un cumul de tout qui amène une lassitude, un manque de prise en considération, des gens qui se lèvent, tous les matins, pour aller travailler, estime d’ailleurs Richard Méziat, représentant syndical CGT, à la commune de Valserhône et agent communal depuis 1996. L’ouvrier, comme l’agent territorial, mérite qu’on le regarde, qu’on le considère. Je pense que quelqu’un qui a fait 37 ans de carrière en tant qu’ATSEM (agent territorial spécialisé des écoles maternelles, Ndlr), auxiliaire de puériculture, ou agent communal, à 60 ans, il en aura bien assez. Pour avoir un travail de qualité, il faut de l’énergie, de la volonté et de l’amour pour son travail. C’est ce qu’on est en train de nous enlever, aujourd’hui. » Et s’ajouter  : « La mobilisation est exceptionnelle, nous étions 60 agents territoriaux ce matin ! »

Deux personnalités politiques locales ont été remarquées. Guy Larmanjat, conseiller départemental du canton de Valserhône, était présent à l’issue du rassemblement. Jean-Loup Kastler, à la tête de la minorité de Ferney-Voltaire et candidat écologiste, rattaché à la Gauche républicaine, aux dernières Législatives, a participé à la marche. « Je suis bien content de la mobilisation qui est plus nombreuse qu’elle ne l’avait été avant la Covid (référence à la grève du 5 décembre 2019, Ndlr). Il y a une unité syndicale et politique qui fait chaud au cœur […] C’est une belle poursuite des combats politiques précédents, il y en a beaucoup à mener sur le territoire. »

Le mouvement, amené à durer, à l’échelle nationale, pourrait vite être de nouveau d’actualité, à Valserhône. « Ce sera peut-être dès jeudi prochain », souffle un membre de l’intersyndicale. « On va se réunir, de nouveau, avec l’intersyndicale et on décidera à ce moment-là, temporise Jasmine Bonnand. Je fais aussi un appel à tout le monde, «rejoignez-nous» dans l’intersyndicale, elle est ouverte à tout le monde, tous les travailleurs et les travailleuses sont les bienvenus. Plus on est nombreux, plus ce sera facile de se mobiliser. »