Des peines de quatre à neuf mois de prison ferme ont été prononcées mercredi 8 février 2023 par le tribunal d’Annecy à l’encontre de trois hommes, dont deux fichés par la police comme appartenant à des groupuscules d’extrême droite, pour des violences commises le soir du match France-Maroc, le 14 décembre 2022.
Carte bancaire au nom d’Adolf Hitler
Les trois prévenus, âgés de 29 et 35 ans, ont été interpellés le 24 janvier 2023, avec le renfort des policiers d’élite du Raid, dans les communes de Bons-en-Chablais, Orcier et Vallières-sur-Fier en Haute-Savoie. Ils avaient été identifiés grâce à des vidéos et photos prises après la demi-finale de Coupe du Monde en centre-ville d’Annecy et à des renseignements anonymes, après une enquête qualifiée de « difficile » par le parquet en raison des visages dissimulés des agresseurs, qui portaient des cagoules et des écharpes, et de l’impossibilité de retrouver certaines victimes.
Ils ont été présentés à l’audience comme « trois hommes au physique imposant qui pratiquent des sports de boxe, dont deux sont d’anciens militaires », selon la description du vice-procureur Benoît Defournel. Des hommes qui « baignent dans une forme de culture de la violence », et chez qui ont été retrouvés des armes, des munitions, ainsi que des objets rattachés à l’idéologie d’extrême droite, et notamment au nazisme, dont l’ouvrage Mein Kampf, une bague aux initiales SS et une carte bancaire au nom d’Adolf Hitler.
« Un lynchage barbare et gratuit »
Le soir des faits, de nombreux supporters fêtaient la victoire des Bleus dans la rue, quand un groupe d’individus a pris à partie plusieurs personnes – dont certaines mineures – leur mettant des coups, l’une d’entre elles se retrouvant KO au sol, le visage en sang. « Il a été passé à tabac. On était face à un lynchage barbare, à titre gratuit », a dénoncé son avocate, Maître Agathe Brocas. Par la suite, une photo prise en vieille ville d’Annecy a été postée sur un compte attribué à la mouvance de l’ultradroite sur les réseaux sociaux, montrant un groupe brandissant un drapeau marocain avec le message : « Plusieurs bagarres et un trophée pour la jeunesse locale. »
À la barre, deux des prévenus ont reconnu être les auteurs de certains faits sur les vidéos et présentés leurs excuses aux victimes. L’un d’entre eux évoque « une confusion totale, je ne savais plus qui était qui, j’ai vu plusieurs personnes attroupées ». Quand son voisin de box assure que son intention « n’était pas d’agresser des gens dans la rue comme ça » et reconnaît « une erreur ». Le troisième prévenu a, lui, contesté être présent ce soir-là, même si son téléphone a borné sur Annecy.
Le caractère raciste n’a pas été retenu
Le caractère raciste des violences n’a pas été retenu à l’issue des investigations car « à aucun moment on n’entend des insultes ou des propos à caractère raciste » sur les vidéos, et les agresseurs « ne semblent pas avoir fait de distinction au sein de leurs victimes », a expliqué le vice-procureur.
Les trois hommes, qui étaient jusqu’à présent en détention provisoire ont été condamnés – notamment pour des faits de violences en réunion – à quatre, six et neuf mois de prison ferme, suivant en grande partie les réquisitions du parquet. Leurs peines seront aménagées, ils ne retourneront donc pas derrière les barreaux.