Elle a quitté Kiev pour Aix. En mai 2022, plus de deux mois après le début de la guerre en Ukraine, Dariya Dmytriyenko a pris le train et le bus, pour venir se réfugier en France. La jeune femme de 27 ans vivait jusque-là dans la capitale ukrainienne avec sa famille. La ville a été « pas mal bombardée », se souvient-elle. « L’immeuble juste à côté de chez nous dans notre quartier a explosé. » Elle dit cela dans un français impeccable : Dariya enseignait cette langue dans son pays.
« Au bout d’un moment, tu t’habitues aux bombardements »
Elle raconte son expérience dans un pays en guerre. « Au bout d’un moment, tu t’habitues aux alertes, aux bombardements. C’est, fou, affreux, mais ça devient une partie de ton quotidien. » La vie continuait alors, malgré les sirènes. Mais, quand elle a rejoint la Savoie, l’inquiétude pour sa famille est montée d’un cran. Surtout quand elle recevait les notifications des alertes en cours à Kiev. « Je leur disais chaque fois : s’il vous plaît, cachez-vous au sous-sol. »
Si elle a choisi la France, c’est parce qu’il y a déjà fait des études et voyagé. « Je n’étais jamais venue dans les Alpes. Avec le lac et les montagnes à côté, c’est génial », confie celle qui habite désormais avec une famille française à Aix-les-Bains. Elle vit chez « un collègue devenu un vrai ami », qu’elle a connu en Ukraine. « J’étais sa traductrice. »
Dariya ne tarit pas d’éloges sur la région. « C’est l’un des meilleurs coins de France, j’ai eu beaucoup de chance d’être ici. C’est très beau, les gens sont très sympas. Tout le monde m’accueille, c’est très très chaleureux. »
Après l’hôtellerie, elle travaille dans l’immobilier
Si elle a eu droit à son arrivée à des aides de l’État français, son objectif a tout de suite été de travailler pour « pouvoir gagner ma vie et aider ma famille à distance ». Elle a commencé à l’accueil d’un hôtel d’Aix-les-Bains, avant d’enchaîner sur un CDD dans l’immobilier, comme assistante commerciale pour les locations. Très loin de sa salle de classe. « Ce n’est pas évident, ça n’a rien à voir avec mon éducation et mon parcours professionnel. »
En parallèle, la jeune ukrainienne reste en contact avec ses compatriotes en France. Elle donne parfois des cours de français le week-end ou répond simplement à leurs questions sur la langue. Sans cesser de penser à ses proches restés au pays, et aux dangers qui les menacent. Car ses parents, sa sœur, ses grands-parents et son fiancé Boris sont toujours à Kiev.
« Je suis en sécurité, ma famille est rassurée »
« Je commence à m’habituer, je commence à organiser ma vie ici, confie-t-elle, un an après l’offensive russe. Mais cela fait presque un an que je n’ai pas vu ma famille, mon fiancé. Je me pose des questions : est-ce que ça va durer encore longtemps ou pas ? Des fois, j’essaye de ne pas penser à ça parce qu’on n’a pas de réponse. C’est un peu compliqué. »
Dariya continue d’échanger tous les jours avec eux, pour prendre des nouvelles et partager, même en visio, « les moments heureux ». Et se montre optimiste : « On sait qu’il y aura la victoire, mais la question c’est quand. » Elle aimerait bien sûr retourner chez elle. Mais l’heure n’est pas encore venue. « Je suis en sécurité, ma famille est rassurée. »