Il ne s’agit pas ici d’accuser l’illustre entreprise, implantée à Bellegarde, de pétainisme. Les temps étaient durs pour les citoyens, comme les entreprises et la confiance en le maréchal Pétain était encore très grande à la fin de l’année 1940, lorsque ce calendrier a été édité. Le pays était traumatisé par la défaite et par l’effondrement de la IIIe République. Le maréchal venait juste d’annoncer sa politique de collaboration, à la suite de sa rencontre avec Hitler à Montoire (Loir-et-Cher), et la domination de l’Allemagne nazie semblait durable.
Ce calendrier fournit un bon exemple local de ce que fut la propagande développée par Vichy dans ce contexte. Son affichage dans les foyers devait convaincre les esprits. Il exprime à la fois le culte du chef, dont Pétain veut être l’objet, et l’idéologie réactionnaire de la Révolution nationale qu’il veut imposer au pays pour le redresser. Le calendrier s’ouvre en effet sur un portrait de Pétain et une citation de son discours du 17 juin 1940 dans lequel il avait annoncé qu’il faisait « don de sa personne à la France ».
Chaque page contient ensuite une photographie illustrant la Révolution Nationale et une citation du maréchal. Parmi les douze photos, quatre sont consacrées à Pétain et quatre autres au monde paysan, sur lequel il souhaite s’appuyer. Le mois de janvier met en avant la vision traditionnelle de la famille : une famille nombreuse, sans origine étrangère apparente : une famille éloignée donc de celle à qui l’Etat français retire la nationalité…