Il ne compte plus les trains qu’il a vu défiler. Durant l’enfance, Loris Grillet a passé beaucoup de temps à admirer les trains derrière la maison de son grand-père cheminot, « quelque chose de naturel », se souvient-il. Les conditions idéales pour que le Genevois développe une passion pour le rail suisse, au point de connaître les lignes les plus remarquables ou les modèles des différentes locomotives. Graphiste illustrateur de profession, il a récemment créé une carte personnelle du réseau ferroviaire mettant en valeur les lieux iconiques de Suisse. Un projet accompli en deux ans « qui réunit mes passions, la cartographie et le train ».
Porté par plusieurs relais médiatiques, son travail rencontre un franc succès. « Cela m’a dépassé. A la base je comptais en imprimer quelques-unes pour mon entourage et finalement ça a touché bien au-delà de mon cercle d’amis », remarque-t-il. Un succès révélateur : en Suisse, Loris Grillet est loin d’être le seul à s’enthousiasmer du réseau ferroviaire de son pays.
Une ponctualité record
Depuis des années, les Suisses sont les champions d’Europe du train, en termes de trajets et de kilomètres effectués par habitant. Le train « fait toujours partie de l’équation quand on planifie un déplacement », souligne Loris Grillet, et ce pour plusieurs raisons.
Le réseau est réputé pour sa fiabilité et sa ponctualité. En 2021, les CFF, la compagnie publique des chemins de fer, se targuaient d’une ponctualité record hors Covid avec 91,9 % des trains arrivés à l’heure à destination. Sans doute une des raisons pour lesquelles, « l’institution a une image emblématique en Suisse, témoigne Loris Grillet. Elle est très appréciée par la population ».
Voyager en toute tranquillité
Autre point fort du réseau, sa densité. Où que vous souhaitiez aller, avec 5317 kilomètres de ligne, il y a probablement un train pour vous y mener, même dans les endroits les plus reculés. « Les investissements ont été très forts depuis longtemps, environ 160 ans, y compris dans les montagnes avec d’importantes infrastructures », indique Simon Steilin de l’association Litra, un service d’information sur les transports publics.
Les usagers s’accordent sur un autre point : s’ils se tournent autant vers le rail, c’est aussi pour sa simplicité d’emploi. Les CFF ont mis en place le système d’horaire cadencé. « Si je veux aller d’une ville à une autre, je ne regarde même pas les horaires, je sais qu’au pire j’attendrai 15 minutes sur le quai, un train finira par arriver, c’est une vraie facilité », note Loris Grillet. Ajoutez à cela, le fameux abonnement général. Un précieux sésame qui permet d’accéder en illimité à l’ensemble des transports publics suisses et de s’affranchir de la hantise d’avoir en poche le bon billet, au bon moment. Comptez tout de même 3860 francs par an pour le détenir, sans doute le prix de la tranquillité d’esprit.
L’excellence suisse pour les trains
Sur le plan ferroviaire, la Suisse s’offre les meilleures places dans de nombreux classements. En 2021, chaque habitant a effectué en moyenne 48 trajets en train, loin devant les Luxembourgeois (26) et les Autrichiens (24). Idem en termes de distance : sur la même année, un Suisse a parcouru en moyenne 1628km en train, bien plus qu’un Français (1118km) ou qu’un Autrichien (933km). Il faut dire que le réseau est particulièrement fiable, notamment grâce aux investissements. Le pays a dépensé 413 euros par habitants en 2021 pour ses infrastructures ferroviaires. Seul le Luxembourg fait mieux avec 607 euros par habitant. La France est loin derrière avec 45 euros par habitant.
Nos voisins helvètes détiennent aussi plusieurs records. Le train de montagne de Rigi est le plus ancien d’Europe, inauguré en 1871. Perchée à 3454 mètres d’altitude, la gare de Jungraujoch est la plus haute du continent. Et le plus long tunnel ferroviaire du monde se trouve aussi en Suisse : le tunnel de base du Saint-Gothard parcourt 57,1km sous les montagnes. Si ces dernières données relèvent surtout du symbole, elles révèlent tout de même l’importante culture du rail de la Suisse. En dépit de son enclavement et d’une topographie difficile, le pays a su développer un réseau dense jusque dans les zones les plus reculées.