Le 30 juin 2022, Sacha Garoute rentre chez lui après sa première épreuve de brevet des collèges. Arrivé à hauteur du pont Saint-Martin, il aperçoit un homme en train de se noyer dans l’Arve. « J’ai commencé à appeler les pompiers, mais juste après avoir raccroché, le monsieur a été emporté », raconte-t-il lors de cette remise de médaille, mercredi 29 mars en préfecture d’Annecy.
« J’ai cru que j’allais jamais revenir »
Accompagné par trois camarades, Cian Kilgallon, Aurore Clerc et Jules Soudrais, il court en aval. Cian et Sacha sautent à l’eau pour rattraper l’homme inconscient. « Heureusement que Sacha est grand, ajoute Cian. Au milieu du torrent, l’eau lui arrivait aux épaules. Moi, j’aurais pas été capable de le rattraper. » « J’ai cru que j’allais jamais revenir », confie Sacha.
Selon le préfet de la Haute-Savoie, Yves Le Breton, les actes distingués par ces médailles sont proposés par une tierce personne, « en général les pompiers ou les forces de l’ordre ». Selon la dimension de l’acte, il existe une gradation : une lettre de félicitations, un diplôme ou une médaille, qui comporte un échelon bronze, argent et or. « Souvent, on trouve des échelons or chez les services de secours. Personnellement, je n’ai jamais remis d’échelon or. »
Une fois la victime rapprochée de la rive, Aurore et Jules, également dans l’eau, la tirent pour la ramener au sec. « On a eu de la chance parce que c’était en été, glisse Aurore, donc l’eau était assez basse. »
« Un acte totalement normal »
Les quatre compères, désormais lycéens, semblent toujours habités par les événements. Toutefois, ils assurent que ce qu’ils ont fait relève « juste d’un sens humain de la vie. On s’est juste dit, «il faut qu’on saute, parce que si on saute pas, on aura une mort sur la conscience. C’est un acte totalement normal. », déclare Jules.
Pour leurs parents, présents lors de la cérémonie, cette normalité semble moins évidente. « Deux semaines après, on est allés voir l’endroit, raconte Xavier Clerc, le père d’Aurore. Il y a un courant de dingue, beaucoup d’adultes n’y seraient pas allés. C’était impressionnant. Le plus impressionnant, c’est que le lendemain, elle n’y pensait plus. Elle n’a eu aucune fierté mal placée. »
Le lendemain de ce sauvetage, c’est le deuxième jour d’épreuves du brevet. « Tout le collège était au courant, raconte Jules. Je pense que certains de nous quatre n’avaient peut-être pas dormi et tout le monde était venu nous voir. C’était juste, «laissez-nous tranquilles»... » Mais malgré toutes ces émotions, tous les quatre ont été reçus avec mention à l’examen.